mercredi

Du nord au centre, un Chili de contrastes

Après 2 semaines passées au Chili, mes premières impressions du pays se sont révélées erronées pour certaines, alors que d’autres se sont vérifiées. Il faut dire que je suis passé d’un extrême à l’autre, du sud lointain au nœud central formé par Santiago et Valparaiso.

A Chiloe, l’île sauvage et isolée rappelant vaguement l’Irlande, relativement épargnée par les touristes, j’ai connu des chiliens aux traits métissés et au langage mastiqué, difficilement compréhensible. Mes compagnons d’un soir, rencontrés dans une modeste pension de l’île, étaient des réfugiés de la ville continentale du Chaiten, non loin de là, récemment détruite par l’éruption du volcan du même nom. Ils végètent dans le village de Dalcahue depuis des mois, attendant que l’Etat leur apporte une hypothétique solution. Tous les soirs, et semble-t-il souvent plus tôt dans la journée, ils tâchent d’oublier dans l’alcool la perte de leurs maisons et d’adoucir ainsi cet exil forcé.
Tout au long de leur vie, la grande majorité des habitants des villes et villages de la région ne franchissent pas un rayon de 50 kilomètres autour de chez eux, et la capitale Santiago est pour eux un autre monde…

Rien à voir avec la foule des vacanciers constituée de touristes internationaux, mais surtout de santiaguinos, que l’on trouve à Pucón, sorte de Saint-Tropez local situé à quelques 500 kilomètres plus au nord. Je me rends compte ici que le Chili est un pays de contrastes… Les visages portent des traits nettement plus européens, l’accent à radicalement changé (je parviens maintenant à comprendre mes interlocuteurs), et l’humeur est à la fête. Il faut dire que la petite ville, située sur un lac magnifique et surplombée par le majestueux volcan Villarica, possède bien des attraits. Je reste quelques jours avant de me diriger vers la capitale.

De Santiago justement, je n’attendais pas grand-chose. Et apparemment j’ai bien fait de ne pas porter trop haut mes attentes, car la capitale chilienne ne m’a pas causé forte impression. C’est une ville grise, qui à mes yeux manque singulièrement de folie, et souffre de la comparaison avec Buenos Aires. Sa voisine Valparaiso par contre, considérée comme la capitale culturelle du pays, enflamme l’imagination. Nos marins, marqués par leur escale dans ce qui fût le plus grand port d’Amérique du Sud, avant la construction du canal de panama et sa chute dans la décadence et l’oubli, ont fait de Valparaiso un mythe à travers leurs chants et leurs récits.
Les matelots locaux ne sont pas en reste et de nombreuses chansons locales relatent à la fois leur amour pour leurs dulcinées et pour leur ville… J’ai l’occasion d’aller en écouter quelques-unes au Jota Cruz, un restaurant populaire à la décoration hors du commun, qui semble ne pas avoir bougé d´un pouce en 50 ans (si ce n’est pour le grand écran plat trônant au-dessus du bar.)

Aujourd’hui Valparaiso connaît une sorte de renouveau, prenant soin de cultiver son aura même si, entre les trottoirs défoncés et l’anarchique réseau de fils électriques, les traces de la décadence sont encore bien visibles. On se prend à rêver de ce à quoi ressemblait la ville du temps de sa splendeur… Cela n’empêche pas de nombreux étrangers de venir s’y installer comme Xavier, ce français venu créer son restaurant sur le Cerro Alegre il y a deux ans, et qui visiblement ne le regrette pas.
Valparaiso est aussi l’une des capitales mondiales du graffiti ; de nombreux graffeurs et autres street artists de renom font le voyage pour venir prendre part à la décoration bien fournie des rues. La mairie semble en avoir pris son parti puisque le graff est parfaitement légal, à condition toutefois qu’il se limite aux murs (décorer les toits ou les trains reste interdit).

Je reste quelques jours dans la région, profitant de l’hospitalité de mon ami Pedro, un espagnol d’origine chilienne connu il y a 5 ans à Barcelone, en vacances dans son pays d’origine… La prochaine étape de mon voyage est San Pedro d’Atacama, oasis perdu dans le désert le plus aride au monde. De là, je rejoindrai le salar de Uyuni, l´une des merveilles naturelles de la Bolivie.

dimanche

De l’autre côté de la cordillère…

Mon séjour à Buenos Aires aura duré 15 jours, beaucoup plus que je ne l’aurais souhaité. Je rencontre enfin le fameux directeur de la cellule changement climatique du gouvernement argentin, Nazareno Castillo, qui me reçoit très aimablement dans ses bureaux du microcentro de la capitale. Après m’avoir expliqué les champs d’interventions de son département, il me dirige vers son coordinateur des projets d’adaptation au changement climatique. Malheureusement – pourquoi le taire- je suis sorti assez déçu de notre entretien…

En effet, lors de ma première prise de contact avec le secrétariat de l’environnement, on m’avait parlé de projets pilotes d’irrigation mis en place au sein de ce dernier. Mais à ma grande surprise mon interlocuteur, au demeurant très sympathique, m’explique qu’aucun projet d’adaptation au changement climatique n’existe à ce jour en Argentine. Tout juste est-il en train de travailler sur la conception d’un projet futur dans la province de Salta, pour lequel tout reste à faire : étude détaillée du contexte, recherche de fonds, etc. Bref, ce qui semblait être pour moi une rencontre décisive se révèle être un coup d’épée dans l’eau.

Mais tout n’est pas perdu : Alejandro, l’ancien activiste de Greenpeace rencontré chez Idealist.org m’a arrangé un entretien avec l’antenne de la très médiatique ONG environnementale en Argentine. Cette rencontre fera l’objet d’un article spécifique…

Venons-en au sujet de ce post : mon arrivée au Chili. Juste un mois après avoir atterri sur le continent Sud Américain, je traverse quitte mes amis argentins et entre chez leur maigre voisin… Le changement se note surtout au niveau des personnes : l’accent a changé, ici les syllabes sont mâchées et je dois m’efforcer pour suivre les conversations. Les faciès sont radicalement différents, tous ou presque portant des traces de métissage avec les Mapuche, cette tribu originaire qui donna tant de fil à retordre aux colons. En deux mots par ici, les Chiliens sont plutôt petits et bridés !
Sinon, avec son niveau "d’occidentalisation" élevé – bus confortables, nombreuses banques et supermarchés bien fournis- le pays ressemble beaucoup à l’Argentine. Voilà en tout cas mes premières impressions de la dixième région du Chili, qui s’étend de l’ile de Chiloé, d’où j’écris en ce moment, jusqu’à Puerto Natales à l’extrême sud. Il est possible que les choses changent en allant vers le nord…

samedi

Rencontre avec Idealistas.org

Mon séjour à Buenos Aires se prolonge plus longtemps que prévu, et j’en profite pour faire des rencontres inattendues. Grâce à Louise, je fais la connaissance de Pablo Tiscornia qui me présente à son tour Alejandro Noriega, un ancien activiste de Greenpeace en Argentine. Tous les deux travaillent pour le réseau Idealist.org. Ils me reçoivent tour à tour pour partager avec moi des informations et me donner des contacts potentiellement intéressants.

Il me semble important, et pas uniquement pour renvoyer l’ascenseur à Pablo et Alé, de parler ici de Idealistas.org, version hispanique du réseau Idealist.org, et du travail qu’ils mettent en place car celui-ci partage beaucoup avec ma propre vision et l’un des objectifs du projet Résolutions Ecologiques: le partage de l’information.

La page d’accueil le dit très simplement : idealist.org est un réseau de personnes à la recherche d’un monde meilleur. Lancé des les premiers balbutiements du Net en 1996, c’est l’un des plus grands réseaux poursuivant un but non lucratif sur le Web, avec des informations postées par 55.000 organisations dans le monde, et plus de 40.000 visiteurs par jour.

Ami Dar, son créateur, est parti du point de vue suivant: chaque jour, partout dans le monde, des milliers de personnes lancent des initiatives participant à obtenir un monde plus juste et équitable, mais beaucoup de ces action sont isolées et peu connues. En même temps, un groupe beaucoup plus grand de personnes ont de bonnes intentions et souhaitent prendre part à ce changement positif, sans savoir vraiment par où commencer.

La mission de idealist.org est donc de former un réseau qui facilite les connexions entre ceux qui ont commencé à agir et ceux qui en ont envie. Ce réseau crée ainsi un espace de rencontre entre les personnes qui mettent en place des actions à caractère non marchand, pour échanger des informations et collaborer afin de provoquer un changement positif dans leurs sociétés.

Concrètement, pour impulser le développement du réseau, Idealist.org propose un site Internet extrêmement riche sur lequel ses membres ont la possibilité de faire connaître leurs initiatives et leurs besoins, et ont accès à des informations correspondant à leurs intérêts. Idealist.org lance également régulièrement des appels à la participation à certaines causes et au développement de nouvelles initiatives. De plus, le réseau met en place des actions propres destinées à faire parvenir toutes ces informations à ceux qui ne disposent pas d’accès au web.

Je vous engage donc à vous rendre sur la page www.idealist.org pour avoir une idée de la diversité des membres du réseau et des actions mises en place. Vous pourrez également, en vous y inscrivant, rejoindre cette communauté de personnes à la recherche d’un monde meilleur.

lundi

Retour à Buenos Aires - coup de gueule contre le Dakar

Rentré de la terre de feu depuis plusieurs jours, j’attends à Buenos Aires mon entrevue avec Nazareno Castillo, le responsable de la cellule changement climatique du Secrétariat d’Etat à l’Environnement (et oui, l’Argentine n’a pas encore jugé bon d’attribuer un ministère à la cause environnementale.)

Je reste donc dans la jolie maison de mon amie Louise, venue s’installer en Argentine il y a un an, et j’en profite pour connaître un peu mieux la capitale. Je profite également de mon temps libre pour passer un coup de gueule sur une compétition sportive qui m’agace depuis plusieurs années: je parle du Paris-Dakar. Les organisateurs de cette « belle aventure humaine », selon la grande majorité des médias français, ont décidé de venir continuer leurs exploits en Amérique Latine, après s’être fait chasser du continent africain par les risques d’attentats terroristes. J’ai donc eu le plaisir de retrouver mes amis et leurs armées de 4x4, camions et motos sur les panneaux publicitaires de la capitale Argentine, où le départ avait lieu début janvier à grands renforts de communication.

Louise partage ma répugnance (le mot n’est pas trop fort) pour cette course, et nous décidons de mettre en ligne un groupe sur Facebook, le fameux portail de networking. Voici ci-dessous le texte de description que j’ai rédigé pour ce groupe, intitulé simplement « Pour la suppression définitive du Paris-Dakar ». Vous comprendrez en le lisant les raisons de notre aversion pour cette compétition.



Ce groupe s’adresse à tous ceux qui ne supportent plus de voir reconduit d’année en année le Paris- Dakar, ce rassemblement de pseudo aventuriers causant une moyenne de 2 morts par an depuis sa création il y a plus de 30 ans. On espérait sa fin avec l’annulation de l’édition 2008, mais voilà que cette compétition a repris cette année, à présent sur le continent sud-américain (où cette fois encore un enfant est mort dans le public).

En 2008, les craintes de terrorisme ont poussé les organisateurs à se retirer du continent africain. Le risque d’avoir des morts sur la compétition aurait-il enfin entraîné des conséquences drastiques ? Oui, mais il a fallu que ce risque pèse sur la sécurité des occidentaux participant à la course. Il semble que pour les organisateurs du Dakar, la vie d’un Africain et celle d’un occidental n’aient pas la même valeur… En Europe, quelle manifestation sportive se serait maintenue suite a des morts aussi régulières dans le public?
On pourrait en effet se contenter de sourire du ridicule de ces « aventuriers » qui roulent des mécaniques - assistés par hélicoptère et des dizaines de camions – si les conséquences de cette course n’étaient pas aussi graves : 58 morts dont 10 enfants depuis 1978, sans parler des accidents graves. Sans parler non plus des conséquences pour l’environnement, signalées depuis longtemps par les associations écologiques.

Pour se donner bonne conscience, les organisateurs du Dakar mettent en avant les quelques miettes lancées aux communautés locales pour justifier la poursuite de leur croisade sportive (et empêcher le tarissement de cette manne financière) : ici un puits creusé, là quelques vêtements distribués, quelques rations alimentaires pour contenter la foule… On hésite entre cynisme et hypocrisie pour qualifier cette sinistre mascarade.


L' adresse du groupe : http://www.facebook.com/home.php#/group.php?gid=46808814463&ref=mf